Faire nef

Une nef est le cœur sacré d’un bateau.C’est aussi le mitan d’une roue ou la partie centrale d’une église. Le nerf vagal relie nos intestins à notre cerveau et circule dans tous nos organes en passant du mode dorsal au mode ventral, en fonction des perceptions du danger ou de sécurité.

La Nef Vagale réunit des artistes ayant développé une intimité avec le vertige, la nausée et la migraine, et/ou vivant avec une neurodiversité, des hypersensibilités vagales, vestibulaires, visuelles ou auditives (…). Le projet entre en résonance avec les arts Crip et le Mad art, privilégiant des pédagogies qui allient le repos, la lenteur et l’attention. Nous concevons nos corps comme des vaisseaux, tantôt individuels, tantôt collectifs, alimentés et régis par notre système vagal, et avec lesquels nous apprenons à entrer en communication.

Les membres du projet partagent le désir d’explorer les possibilités de création collective en transmutant des paysages intérieurs et des psychogéographies en écrits, dessins et propositions chorégraphiques. Ce projet propose ainsi de concevoir nos corps comme des vaisseaux, parfois individuels, parfois collectifs, alimentés et gouvernés par nos systèmes vagaux, et avec lesquels nous apprenons à entrer en communication.

 

Nos corps comme des nefs, des vaisseaux qui traversent l’espace-temps, traversés d’affluants, microbiote constellé aux ramifications vagales.

Naviguer à l’écoute. Voir venir les marées. Reconfigurer nos cartes-mère, au goutte à goutte. Traverser des tempêtes sonores et engouffrantes, des nuages qui résonnent, des planètes évidées. Border l’abîme, sombrer souvent, jusqu’à plus fin. Jusqu’au bout de l’écueil pour peut-être, enfin, sentir la texture et les appels profonds de ces planètes informes aux signaux somatiques.

Encore une fois, renouer les rituels, se réinventer des repères, sentir les porosités variables, les espaces habitables et dans les interstices, conjurer l’éther.

Louons les grands vents:

L’air est rare et plus mince que jamais

mais nous avons préparés nos antres thoraciques

à trouver l’abondance dans les entrelacs du silence.*

 

* ce texte tresse des homages aux oeuvres et poèmes de Zao Wou-Ki, Claude Roy, Massimo Guerrera, Vinciane Despret et Myro Le Ber Assiani.